“Mon rêve avait toujours été d’ouvrir un cabinet de sage-femme de proximité pour offrir des services de qualité et à moindre prix à mes sœurs et mères, et c’est grâce au projet SWEDD que j’ai pu réaliser ce rêve, en 2019, plus tôt que prévu »

 Moussokoura KONARE, promotrice du cabinet privé de sage – femme « Bassa COULIBALY ». Situé à Banankoro, en périphérie de la capitale Bamako, ce cabinet emploie 7 personnes et a réalisé en 4 années d’exercice, plus de 4 400 consultations curatives, plus de 2 100 consultations prénatales et plus de 700 accouchements, entre autres prestations. Grâce à l’accompagnement du projet, le cabinet a généré un profit de près de 42 millions FCFA, utilisés pour l’achat d’une parcelle, l’extension du cabinet et la construction d’un logement pour sage – femme

Le SWEDD soutient les cabinets privés de sage-femme pour promouvoir la santé de la mère et de l’enfant et l’autonomisation des femmes

Au Mali, la faible disponibilité et l’inégale répartition du personnel de santé se font plus sentir quand il s’agit de sage-femme. Par exemple, selon les données du Ministère en charge de la santé (2015), plus de la moitié des sages-femmes (51%) exerçait dans la capitale Bamako. Ce déficit en sages-femmes et leur inégalé répartition sont de nature à contraindre la réalisation des objectifs nationaux en matière de santé de la mère et de l’enfant. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS-IV 2012-2013), la mortalité maternelle est estimée à 368 décès pour 100 000 naissances vivantes, celle infantile est estimée à 95‰. En 2015, les sages-femmes et infirmières obstétriciennes représentaient 23% de l’effectif total du personnel sanitaire, alors que le pays comptait moins de 5 professionnels de santé pour 10 000 habitants, loin de la norme de 23 recommandés par l’OMS.

Pour réduire le déficit de sages-femmes et adresser leur inégale répartition, le projet Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD) – Mali a accompagné en 2019, l’installation de 15 cabinets privés de sage – femme dans des zones péri-urbaines dépourvues de structure sanitaire.

Le projet SWEDD appuie l’autonomisation des femmes et des filles pour un meilleur accès aux services de santé reproductive, infantile et maternelle de qualité. Il s’appuie sur le programme décennal de développement socio sanitaire du Mali et la stratégie régionale de la Banque mondiale pour la réduction des inégalités de genre (2016 – 2023) par le renforcement du capital humain. Il accompagne, par la mise en place des cabinets privés de sages-femmes, l’engagement de l’Etat à rendre disponibles les services et le personnel de qualité jusqu’au dernier kilomètre. L’implication des organisations professionnelles de sages-femmes dans la sélection des sites et des promotrices a facilité la reconnaissance de l’initiative et la prise en compte des performances dans le système d’information sanitaire.

Grâce à cette initiative, 15 cabinets privés de sages-femmes ont été mis en place. Les résultats obtenus sont encourageants en termes de performances et invitent à un passage à échelle, au regard du potentiel qu’elle présente pour l’amélioration de la santé maternelle et infantile et l’accès et l’utilisation des services par les filles. De septembre 2019 à décembre 2022, les 15 cabinets privés ont réalisé entre autres :

  • 34 310 consultations curatives, 6 281 consultations prénatales, plus de 13 570 prises en charge de cas de maladie de l’enfant :
  • l’enrôlement de plus de 5 100 nouvelles utilisatrices d’une méthode de contraception moderne ;
  • 2 558 accouchements dont un seul cas de mort-né macéré ;
  • près de 37 000 bénéficiaires d’au moins un service / soin par les cabinets ;
  • 74 emplois durables créés et plus de 490 millions FCFA (820 000 USD) de chiffres d’affaires avec un bénéfice de plus de 224 millions FCFA (374 000 USD).

L’initiative contribue ainsi à améliorer les performances du système de santé et les objectifs de développement assignés au secteur, dans un contexte de faible couverture et de contrainte budgétaire pour le recrutement de personnel de santé.

Le Groupe de la Banque mondiale accompagne ainsi le Gouvernement du Mali dans sa volonté affichée d’améliorer le niveau de capital humain et de fournir aux populations de services accessibles et de qualité. L’initiative « Accompagnement à l’installation de 15 cabinets de sages-femmes » a coûté 240 millions FCFA (environ 400 000 USD) financé par la Banque mondiale et les promotrices sélectionnées. Dans son ensemble, le projet SWEDD – Mali a bénéficié auprès du Groupe de la Banque mondiale, de :

  • 40 millions de dollars US de prêt, pour la première phase ;
  • 60 millions de dollars US dont 30 millions de don, pour la deuxième phase.

Le Groupe de la Banque mondiale a également mobilisé de l’assistance technique auprès du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS).

Les partenaires de mise en œuvre du volet « Amélioration de la disponibilité des ressources humaines en santé » du SWEDD sont :

  • le ministère en charge de la population, assurant la tutelle ;
  • le Ministère en charge de la santé ;
  • la Direction Générale de la Santé et les Centres de santé de référence pour la supervision générale ;
  • l’Association des sages-femmes libérales ;
  • les collectivités territoriales, les leaders religieux et communautaires et les communautés d’accueil ;
  • l’Institut National de Formation en Science de la Santé (INFSS) ;
  • le Conseil National de l’Ordre National des Sages-Femmes (CNOSF) pour la règlementation ;
  • l’Alliance du Secteur Privé pour la Promotion de la Santé au Mali (ASP-PSM) ; et
  • les promotrices.

Le respect du caractère social, l’offre de services adaptés aux besoins et possibilités financières des ménages, l’inclusion et le respect des droits sont parmi les principes mis en avant.